« En tant que femme et de surcroît noire, il te sera difficile de faire carrière au sein des grands cabinets d’avocats parisiens.»

nous raconte Maître Florence Ayissi, avocate d’affaires aux barreaux de Paris et de New York

Noir était donc le tableau dressé par un de mes proches à l’aune de mon parcours universitaire alors que je m’apprêtais à embrasser la filière de droit des affaires.

Ne vous méprenez pas, cette posture ne traduisait pas un manque de confiance en mes capacités, mais plutôt le degré de pénétration des stéréotypes qui nous poussent (trop) souvent à nous autocensurer et à accepter la voie à laquelle la société nous prédestine.

Pour ma part, j’ai choisi de bifurquer.

Malgré une réticence familiale visant uniquement à ne pas m’exposer à la violence d’un milieu professionnel gangréné par les préjugés et l’absence de modèles venant contredire leurs propos, ma persévérance et ma ténacité ont eu raison des doutes émergents de toutes parts. Bien que confrontée à quelques épisodes discriminatoires (au stade des entretiens, au cours de stages, à mes débuts dans certains cabinets où l’on me confondait avec une secrétaire ou l’enfant d’une hôtesse d’accueil car évidemment je ne pouvais pas intégrer le cabinet pour mes seules qualités), je me suis simplement employée à ne jamais laisser la couleur de ma peau devenir le trait de différenciation par rapport à mes paires, mais à ce que seuls mon professionnalisme, ma recherche permanente de l’excellence, ma rigueur constante et mon organisation – d’ailleurs devenus légendaires dans mon cabinet – ou encore ma force de travail et de caractère me distinguent (et non me discriminent) positivement des autres.

Aujourd’hui, en France, je suis tout d’abord considérée comme une femme indépendante qui arbore avec fierté les stigmates de la réussite

diplômée de l'Université. Paris I Panthéon-Sorbonne (Magistère du droit des activités économiques et Master de droit bancaire et financier) et de New York University School of Law (LL.M), avocate aux barreaux de
Paris et de New York ayant exercé le droit des affaires au sein de cabinets de premier plan (Bredin Prat, à Paris, et Slaughter and May, à Londres) et qui, en sus d’une activité
professionnelle soutenue, s'investit également dans diverses associations afin de promouvoir le développement des affaires en Afrique et participe à des actions de mentoring d'étudiants, jeunes professionnels du droit ou entrepreneurs.

Côté africain, si l’on salue le parcours et les qualités professionnelles on n’oublie rarement de relever que je ne suis toujours pas mariée ni mère de famille…

Parce que j’ai rapidement pris conscience de la nécessité pour certains d’avoir des modèles auxquels ils pourraient s’identifier ou se référer, ou simplement combien il est parfois utile et réconfortant de partager des expériences communes ou se nourrir des parcours des autres, je tâche de soutenir et conseiller des jeunes étudiants dans leur parcours universitaire et/ou leurs premiers choix professionnels. Je souhaite désormais étendre cet engagement et humblement susciter l’émulation auprès des jeunes femmes africaines.

Aussi, répondre présente pour écouter, conseiller ou simplement soutenir des jeunes femmes qui souhaitent un jour entreprendre me parait naturel.

Parce qu’il est de notre devoir à chacune de valoriser nos
forces, individuelles et communes, je souhaite ce samedi 7 mars 2015 à l’occasion de la journée
internationale de la femme vous accompagner aux côtés de l’association IJE

( intégration juridique et économique) dont je partage les valeurs notamment l’égalité dans l’accès aux droits, la solidarité, la lutte contre l’injustice sociale ; mettre mes compétences
professionnelles et mes qualités humaines au profit de celles qui ont franchi le pas et osent (enfin !) rêver de réussite via l’entreprenariat.

Acceptez que le parcours soit semé d’embûches. 

Mais ce qui vous distinguera ne sera pas tant votre faculté à ne pas tomber, mais votre constante habilité à vous relever. Rétrospectivement, vous réaliserez combien vous avez appris sur vous-même à chaque fois que vous trouverez les ressources, en vous ou auprès des autres, et la force de poursuivre ce beau combat qui est le vôtre !